© Vincent Moncorgé - CNRS / Femmes & Sciences / La science taille XX elles - 2023

Jozina De GraafNeuroscientifique

Jozina De Graaf est professeure à Aix-Marseille Université et a dirigé jusqu’à récemment une équipe de recherche à l’Institut des sciences du mouvement – Étienne-Jules Marey (ISM)1 . Elle occupe aujourd’hui la fonction de vice-doyenne recherche à la Faculté des sciences du sport.

« 75 % des patients amputés d’un bras peuvent bouger naturellement leur membre fantôme. Pourtant, ils n’en parlent jamais par peur de passer pour des excentriques ou même des fous ! » s’étonne Jozina De Graaf. Passionnée par la compréhension du fonctionnement du système nerveux, Jozina De Graaf voit depuis quelques années une application concrète au projet de recherche qui la passionne : le développement de prothèses contrôlables de façon naturelle.

Le contrôle des prothèses est encore aujourd’hui difficile, non naturel et très limité sur le nombre de mouvements possibles, surtout pour une prothèse de main. Pour contourner ces problèmes, Jozina De Graaf et ses collaborateurs ingénieurs et médecins cliniciens ont imaginé une prothèse « basée fantôme » : les patients ont été invités à exécuter différents mouvements fantômes et les contractions musculaires détectées au niveau du moignon ont été associées à chaque type de mouvement. Dès que le type de mouvement est reconnu par la prothèse, celle-ci le reproduit. Ceci rend le contrôle de prothèse naturel, sans aucune intervention chirurgicale ni phase d’apprentissage de la part des patients. « Avec mes collaborateurs, nous avons pour ambition d’augmenter les degrés de liberté de la prothèse tout en gardant un contrôle naturel, et de la proposer à de nombreux patients. »

Vous avez peut-être déjà entendu Jozina De Graaf parler du phénomène de « mobilité du membre fantôme » dans des émissions radio ou télé. « Cette diffusion des connaissances est essentielle pour que la société en général soit consciente des avancées dans ce domaine, et pour les patients en particulier qui doivent comprendre que les sensations fantômes ne sont pas seulement synonymes de douleur ».

  • 1Aix-Marseille Université/CNRS